mardi, mai 30, 2006

La conversion.

Il y a quelques années, j’achevais dans mon ancienne Paroisse une série de prédications sur la conversion de l’apôtre Paul. Une jeune paysanne, chrétienne comme on en voit rarement, sincère, active et expérimentée, vint à moi. Je puis parler d’elle sans scrupule, car dès longtemps. elle est dans la patrie céleste. Ce soir-là, beau soir de printemps, elle était triste, car elle avait des doutes sur la réalité de ses convictions religieuses.

«Jamais» disait-elle «je n’ai fait des expériences analogues à celles de l’apôtre, et je ne crois pas avoir passé par la conversion.» Elle était fort troublée, et tout ce que je lui dis pour la tranquilliser ne réussit ni à la convaincre ni même à la consoler.

Enfin, j’y parvins. Nous nous étions arrêtés près d’un des sapins du jardin. Je lui fis remarquer que les arbres feuillés traversent tous une crise visible; ils se flétrissent, la tempête les dépouille, pendant des mois, ils sont là sans couronne, sans parure. Au printemps, ils renaissent couverts d’un feuillage nouveau. Il en est tout autrement des sapins; ils gardent leur verdure tout l’hiver, comme la mort apparente ne les atteint pas, l’action de la chaleur est peu visible, et cependant elle ne s’exerce pas moins puissante en eux que dans les autres arbres. Insensiblement, les nouvelles aiguilles paraissent au milieu des anciennes, et lorsque celles-ci tombent, nul ne s’en aperçoit. Ce changement, visible à tous les yeux dans les autres plantes, s’opère ici de façon absolument mystérieuse.

L’intelligente jeune fille comprit et fut consolée, et je n’eus pas besoin de lui parler davantage des oeuvres de Dieu dans la nature.

(FUNCKE, De la lumière aux ténèbres).

Aucun commentaire: